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Ismérie Bouquine
19 décembre 2014

Les âges sombres

9782266218689

 

 

Résumé

1321. Les habitants d’Ulewic, une petite cité isolée de l’est de l’Angleterre, sont sous le joug de leur seigneur et de l’Église, celle-ci ayant supplanté, depuis quelques années, le paganisme qui régnait dans la région. Non loin du village s’est installée une petite communauté chrétienne de femmes, des béguines originaires de Belgique. Sous l’autorité de sœur Martha, elles ont jusqu’alors été assez bien tolérées. Mais les choses commencent à changer. Le pays connaît en effet des saisons de plus en plus rigoureuses, les récoltes sont gâchées, les troupeaux dévastés et le besoin d’un bouc émissaire se fait sentir. Neuf hommes du village, dont on ignore l’identité, vont profiter de la tension qui commence à monter pour restaurer un ordre ancien et obscur. Renouant avec de terribles rites païens, usant de la terreur, du meurtre et de la superstition, ils vont s’en prendre aux béguines, qui devront les démasquer et élucider les secrets du village avant que la région ne soit mise à feu et à sang.

 

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Impressions

Commencé lors de ma période "Romans historiques", j'ai été attirée par sa couverture que je trouve franchement superbe (le violet et moi, c'est une histoire d'amour). Mais au moment de refermer le livre, j'avoue que mon enthousiasme a été un peu refroidi. 

La trame de l'histoire n'a pas été un souci pour moi. Le Moyen-Age, les villages peuplés de superstitions et de rapports de forces, les hiérarchies sociales, tout cela m'est familier et j'ai nagé dedans avec plaisir. A tel point que j'ai senti l'odeur du feu de bois et que la vision des maisons boueuses et grouillant de vie s'est imposée à mes yeux. L'ambiance est un des points forts de ce roman, car les détails sont minutieusement distillés, avec beaucoup de justesse, pour à la fois plonger le lecteur dans le récit tout en n'alourdissant pas le tout. La plume de l'auteur est de celle que je préfère, celle qui nous fait remonter le temps pour nous envoûter avec ses phrases. 

Les personnages ont été également un plaisir à découvrir, bien qu'un premier bémol s'impose : ils sont beaucoup trop nombreux. Entre les soeurs béguines, les villageois, le curé, les protagonistes divers ... une fois n'est pas coutume, je me perdais souvent dans les noms et était obligée de retourner au début où est indiqué une liste un peu détaillée. Bonne idée, d'ailleurs, mais moitié moins de personnages aurait été mieux. Toujours est-il qu'ils sont tous assez réussis au point de vue des caractères et de leurs particularités. J'ai particulièrement aimé la dureté du récit vis à vis d'eux, de leur vie, de leurs épreuves. Ainsi, le curé est un pécheur qui est sous la coupe du seigneur du coin, exerçant un chantage odieux. Le seigneur est détestable, les Maîtres Huants donnent la chair de poule. Les soeurs béguines voient leur vie bouleversée par beaucoup de changements, et doivent prendre des décisions difficiles qui peuvent à tout moment leur faire perdre le contrôle. Bref, le texte est sans pitié pour eux, à l'image de la rudesse de la vie de l'époque. Pas de soierie ni de courtisans, on plonge dans un monde dur, qui laisse un goût râpeux en bouche. Le peuple est au centre de tout, sans roi ni gros seigneur fortuné. J'ai trouvé très intéressante cette focalisation sur ce coin perdu d'Angleterre, qui change des récits trop proches du pouvoir. 

Ce qui m'a totalement rebuté en revanche (hormis l'abondance des personnages), c'est la façon de narrer le récit. A chaque chapitre, la voix du narrateur change. Un coup c'est le curé, un autre la béguine qui dirige, un autre une soeur apprentie etc ... si je ne suis pas contre les récits à plusieurs voix, qui permettent de donner un point de vue beaucoup plus large et différent en fonction du narrateur, j'ai freiné des quatre fers en lisant ce livre. Car deux, trois narrateurs maximum, ça passe ... cinq ou six, je dis non, non et encore non ! Ca m'a totalement coupé l'élan de lecture. Chaque milieu chapitre me donnait envie de tourner vite la page ... et au moment où je m'habituais au narrateur, vlan, l'ambiance retombait totalement en changeant de point de vue. Ca m'a vraiment tué mon plaisir, et j'en suis très déçue. Obligée de me rappeler qui est untel (qui prend la parole), de m'habituer au changement de lieu, de façon de parler, bref, moi qui aime lire d'une traite et me plonger dedans, j'ai été refroidie au bout de quatre ou cinq chapitres. Sans compter que, du coup, je ne me suis pas attachée aux personnages, vu qu'ils changeaient tout le temps et que les sentiments à leur égard étaient soit bons, soit mauvais ... ça ne m'a pas permit d'éprouver quelque chose (hormis de l'agacement au fur et à mesure de ma lecture). Ajoutez à ceci que presque toutes les soeurs du béguinage s'appellent Martha ! Il y a Servante Martha, Gardienne Martha, Marchande Martha, Guérisseuse Martha ... j'étais incapable de me rappeler les caractéristiques du personnage qui parlait, ne me souvenant plus si c'était celle qui dirigeait, celle qui critiquait tout le monde ou celle qui venait d'arriver ... 

Une fin de lecture qui a refroidi mes ardeurs. Je trouve ça vraiment dommage, car ce récit aurait pu être excellent sans ce format de narration. Cela ne m'empêchera pas de lire les autres romans de l'auteur, néanmoins, car j'ai aimé la plume et la manière de faire remonter le temps au lecteur, de le plonger dans le bouillon du Moyen-Age avec dextérité. 

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