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Ismérie Bouquine
10 septembre 2015

Première semaine

Voilà, mes deux premiers jours de PES (professeur des écoles stagiaire) sont passés. Dans le privé, nous vivons en décalé par rapport au public. En effet, dans le public, les stagiaires sont dans leur classe trois semaines et au centre de formation trois autres semaines. Ces stagiaires sont affectés avec un binôme qui travaille à l'inverse d'eux. Dans le privé, nous avons un schéma différent : je suis en binôme avec une suppléante (d'autres avec des titulaires) et je prends ma classe le lundi et le mardi. Ma suppléante me remplace le jeudi et le vendredi. Chaque organisation a ses avantages et ses inconvénients, et ce n'est pas du tout mon rôle de les lister (cette petite introduction peut permettre à certains voulant passer le CRPE de comprendre un peu les rouages de l'année de stage) 

Ce qui fait que contrairement aux copines du public, qui sont déjà dans leur classe depuis une semaine et demi à présent, je n'ai travaillé véritablement avec mes élèves que Lundi et Mardi. Grosse découverte pour moi, donc. 

Le week-end précédent, j'ai préparé mes cours avec tout le stress possible. En effet, il fallait que j'attend de voir ce que ma suppléante avait fait le jeudi et vendredi pour pouvoir mettre en place mon organisation du lundi et mardi (pour les premiers temps). 

Samedi soir, à 21h30, je bossais sur ma séance de français depuis 3h et je n'avais pas du tout avancé. J'étais en gros stress. Les premiers doutes sur mes capacité ont fait leur apparition. Car le fait d'avoir passé un Master spécialisation enseignement en Histoire-Géo ne prépare absolument pas à la réalité du primaire. Je n'ai jamais eu de formation pour être prof. Ce que j'ai appris, je l'ai appris sur le terrain, lors de mes stages (parachutée dans une classe de terminale dans préparation, je peux vous dire que ça forge) ou bien lors de mes années d'assistante pédagogique au collège. Si certains me lisent et veulent travailler plus tard dans le milieu scolaire, si je peux me permettre un conseil, essayez de bosser en tant que surveillant. Je trouve que cela fait évoluer de façon incroyable, tant au niveau aisance avec les élèves que niveau travail en équipe. C'est réellement une sacrée expérience, et bon nombre de gens timides et peu à l'aise avec les élèves en sont ressortis plus assurés. 

Bon, je diverge. Samedi soir, donc, je ressemblais à ça : 

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Trois heures à fouiller sur internet, à me noyer sous les tonnes de méthodes, conseils contradictoires, termes techniques ... 

Stop. J'ai tout lâché, j'ai papoté un peu avec Nalouchka qui m'a donné quelques trucs, et je suis allée me préparer une tartine au nutella. 

Et puis j'ai eu le déclic. Il me fallait juste quelques minutes de pause. Car quand ça ne veut pas, ça ne veut pas.

Je m'y suis remise jusqu'à une heure du matin. Puis le lendemain toute la journée. Puis j'ai eu l'appel de ma meilleure amie qui m'a rassurée, encouragée, conseillée. Puis j'ai eu Chéri qui m'a encouragée tout le temps. Puis j'ai mangé un bon rôti maison avec des pâtes, un petit morceau de gâteau, parce que c'est important de trouver un peu de plaisir gourmand entre deux. Je me suis quand même écroulée couchée à minuit. 

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Lundi matin, j'ai entamé officiellement ma première journée d'école. Alors voilà ce que ça a donné, Lundi et Mardi, en vrac : 

J'ai prévu dix fois trop de boulot / Je n'ai pas eu le temps de tout faire / Je n'ai pas paniqué une seule seconde / J'ai fait des petites erreurs / Les élèves sont adorables/ J'ai eu mon premier dessin que j'ai affiché en classe / J'ai dû remettre au point certains comportement / Ils sont bruyants / Mais ils participent énormément / J'ai fait ma première photo de classe / J'ai monté et descendu au moins vingt fois les escaliers / J'ai eu ma première élève plâtrée (au pied) / C'est la galère emais on gère comme on peut / J'ai eu plein de "Ouaiiiis" " Nooooon" "Youpiiii" quand je leur posais une question générale (note à moi-même : penser à poser les questions autrement sinon on ameute toute l'école) / J'ai eu un prêtre qui est venu parler cathéchisme dans ma classe / J'ai repéré les bavards, les élèves en difficultés, les feignants et ceux qui pigent tout de suite / J'ai écouté leurs petites histoires / J'ai réglé quelques conflits / J'ai été confrontée aux pertes d'objets, de matériel / J'ai eu le coeur fendu quand mon petit ****** n'a pas pu faire sa photo de classe avec tout le monde car les parents ont refusé qu'il apparaisse sur les photos groupées et individuelles ... et on voyait qu'il avait envie de venir, au lieu d'être dans son petit coin / J'ai haussé la voix, parfois / J'ai demandé le calme, souvent / L'ambiance est pourtant super bonne / J'ai noté dans un coin de ma tête ce qui allait ou non / J'ai fait des tonnes de photocopies / J'ai couru d'un bout à l'autre de l'école / J'ai ri avec mes collègues / J'ai mangé avec elles à la gamelle dans notre petite salle de pause / J'ai rougis quand la directrice m'a dit que tout le monde était heureux de bosser avec moi et de m'avoir dans l'équipe / J'ai ris, j'ai douté, j'ai piétiné pendant des heures / Je n'arrive toujours pas à réaliser quand ils m'appelent "Maîtresse"  

J'ai pleuré de fatigue aussi, mais pas de désespoir ni de déprime. Je relativise énormément sur mes erreurs, car j'aime ce métier, je l'ai dans le sang. 

 

J'ai aussi eu mes petites perles très mignonnes :

( Lorsque je les ai prévenu de la visite du père Jean de Dieu, prêtre de la paroisse de mon école

Moi : Cet après-midi, nous allons recevoir pendant quelques minutes le père Jean de Dieu qui va venir vous parler du cathéchisme.

Un élève, visiblement intrigué : Mais Maîtresse ... il est mort le père de Dieu !!

 

(Lorsque le père est parti de ma classe ... il faut savoir qu'il est d'origine africaine)

Un élève, un peu gêné : Maîtresse ...

Moi : Oui ****** ?

L'élève, tout bas : Le monsieur ... il avait un accent, hein ?

 

(Lorsque j'ai pris le cahier de ********* pour montrer à la classe où il fallait coller le papier distribué

Moi : *******, tu es mon cobaye aujourd'hui.

La voisine de *******, visiblement étonnée : Maîtresse, tu t'es trompé .... ****** c'est pas un cow-boy ! 

 

Et quand ******* est venue nous montrer son dessin à la classe et a dit "J'ai dessiné un paon parce que comme ça, toutes les plumes représentent les élèves de la classe" ... mon petit coeur a fondu :

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Commentaires
M
Un petit coucou pour te (re)souhaiter une belle année ! Bisous Ismérie !
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M
Super de te voir épanouie avec tes élèves après tout ce que tu as donné pour en arriver là. Bravo!
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S
Oh contente de lire tout ça ! :) Je ne savais pas que tu étais dans le privé du coup. Bon courage en tout cas !
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E
Coucou,<br /> <br /> J'ai adoré te lire, c'est super émouvant ! Bravo ! <br /> <br /> Pour ma part j'ai fait ma rentrée en tant qu'aed et ap en collège. Moi qui bossais depuis 5 ans en école, ça change ! Dur dur de faire les 37 heures, je suis crevée le soir. Pour l'instant je fais que aed et quand on aura repéré les besoins des élèves je ferai mi temps Ap et mi temps aed.<br /> <br /> bises,<br /> <br /> Emmeline
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E
Ils ont l'air cro mignons !!!! Et leurs remarques, tu as du cacher beaucoup de sourires!!<br /> <br /> C'est génial que tu sois heureuses même si tu nages en pleine tambouille !! <br /> <br /> Bon courage et..Bon courage !! ;)
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